La déforestation est un phénomène aussi ancien que le monde mais qui a véritablement pris de l’ampleur avec la révolution industrielle du 19e siècle. Elle est née du fait de l’envie de créer des milieux et cadres de vie pour les humains mais également pour des besoins en matières premières comme le bois, le charbon, et autres ressources naturelles telles que les minéraux. Avec les nouvelles technologies et les avancées scientifiques de l’heure alimentées par la pression démographique, les paysages de forêts ont subi de profondes transformations. Pour des usages comme l’agriculture, l’urbanisation et l’exploitation forestière, entre autres, la déforestation a engendré la réduction et/ou la disparition (souvent irréversible) des surfaces de forêts.
Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture, environ 178 millions d’hectares de forêt dans le monde ont été perdus durant les trois dernières décennies (FAO, 2020). Chaque année, entre 10-12 millions d’hectares subissent la déforestation. Bien que ce taux tende a diminué, il reste toujours préoccupant pour les pays comme le Togo.
Enjeu majeur du 21e siècle : La déforestation, au cœur de multiples crises
Les forêts sont d’une fonctionnalité exceptionnelle pour la planète et les personnes. Elles contribuent efficacement à séquestrer du CO2, un gaz à effet de serre ; et constituent une réserve importante de biodiversité naturelle (la faune et la flore). Elles offrent des habitats pour des milliers d’espèces. Aussi bien qu’elles interviennent dans le climat, le cycle de l’eau, la purification de l’air, la régulation de la température, etc., elles sont aujourd’hui en crise, dévastées par les incendies, dégradées par l’exploitation de bois, et détruites au détriment de l’agriculture industrielle. Ceci induit donc la triple crise qu’est : la crise climatique, la perte de biodiversité, et la pollution.
De nos jours, cette triple crise n’est plus le terme adapté ; car la crise sanitaire de la pandémie COVID-19 a mis en exergue les interrelations entre la déforestation et la pandémie. La Plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), qui est l’équivalent du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) pour la biodiversité, est venue à cette conclusion. Les scientifiques martèlent que les causes sous-jacentes aux pandémies comme le Covid-19 sont les mêmes que celles qui ravagent les forêts, détruisent la biodiversité et dérèglent le climat. Avec la crise alimentaire, la flambée des prix ainsi que les problèmes de mobilité (restriction des mouvements des personnes et des biens) que le monde a connu dus à la pandémie, la déforestation nourrit de multiples crises, sans que l’on s’en rende véritablement compte.
Le phénomène de déforestation au Togo
Définie par Anaïs Badillo comme le défrichement délibéré des terres boisées, la déforestation au Togo est une pratique aux antipodes de développement durable. Elle est sous-tendue par des causes multiples : l’agriculture, la construction d’infrastructures, les activités minières, l’urbanisation… Selon le journal en ligne « la Voix de la Nation », l’explosion démographique et la pauvreté, les pratiques agricoles non durables, les feux de végétation, l’exploitation abusive de bois d’œuvre et de service, la forte dépendance des populations aux combustibles ligneux sous forme de charbon de bois et le bois sont autant de facteurs à l’origine de la déforestation.
Le phénomène a de graves répercussions sur l’environnement et les communautés locales riveraines dépendantes de ces forêts, de la terre, de l’eau et du sol. Les conséquences suivantes ont été observées dans les milieux fortement dégradés du pays :
- La perte de couvert forestier a un impact sur le climat et le microclimat local ;
- La perte de la biodiversité ;
- La fragilisation des sols et la désertification ;
- La dégradation des terres et l’érosion des sols ;
- L’assèchement du climat et des cours d’eau rendant les sols plus arides et les sécheresses plus fréquentes et importantes.
L’approche juste pour faire de la déforestation un passé au Togo et dans les autres zones du monde
A la lumière des effets pervers que la déforestation occasionne sur l’environnement et les communautés locales, la lutte contre celle-ci ne doit en aucun cas être de répit. Le Centre pour la Justice Environnementale (CJE-Togo) voit en la restauration des paysages forestiers centrée sur les communautés au Togo comme fondamentale aux processus déjà en cours et futurs dans le pays pour restaurer les ressources forestières. Le CJE-Togo promeut les efforts et initiatives de conservation de forêts qui valorisent les savoirs ancestraux et indigènes des communautés riveraines – contribuant ainsi à l’amélioration des conditions socio-économiques et culturelles et le bien-être des populations au travers des solutions vraies et justes.
L’intégrité des forêts ne doit en aucun cas être compromise au nom des plantations de monocultures ou de crédit carbone qui sont incompatibles avec les méthodes de conservation naturelle des forêts qui respectent la nature, l’écologie et les peuples et fait la promotion des savoirs ancestraux et locaux des peuples autochtones riverains.